Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

caractère de Laclos et il semble que, depuis leur sobre jugement, nos critiques n’aient pas trouvé d’étiquette qui convînt mieux à l’auteur des Liaisons dangereuses. Nous verrons comment, même, ils se seraient écartés plutôt de ce sage avis.

Un gros livre ne suffirait pas s’il fallait narrer toutes les circonstances singulières de son existence, sa carrière auprès des d’Orléans, son rôle pendant la Révolution, ses campagnes, ses prisons… Pour satisfaire des engagements avec mon aimable éditeur, je dois remettre à plus tard cette étude ; je me suis contenté de grouper en appendice un faisceau de pièces d’archives qui pourront fournir au lecteur curieux l’aperçu saisissant de cette vie studieuse et variée.

Ce fragment de l’Éducation des femmes, qu’on lira plus loin, ne doit pas avoir à nos yeux d’autre intérêt, d’autre mérite que celui d’un document. Mais que penser d’un document qui concerne d’abord Laclos lui-même et son œuvre littéraire ; qui est précieux pour l’histoire de son temps et des idées de l’époque ; qui s’adressait enfin, et s’adresse encore, à cette partie charmante de l’humanité, sans laquelle, comme l’a dit un délicieux naïf, l’autre ne pourrait vivre : les femmes ?

Par une circonstance fortuite, une causerie de café, Villiers de l’Isle-Adam imagina l’Ève Future. La conception simple, mais d’une complication égale, que Choderlos de Laclos se fit de la femme idéale et parfaite, fut le fruit de plus longues réflexions et de méditations plus fréquentes. Ce mathématicien voluptueux