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NÉMOVILLE.

Le jardin où l’abbé Bernard se promenait, en ce soir d’octobre, appartenait au presbytère, et il était situé sur le bord de l’Océan. Les flots de l’Atlantique venaient battre aux confins mêmes du jardin. L’abbé aimait à contempler l’immensité, qui le portait à méditer sur la grandeur et la puissance du Créateur. Rien, pour lui, n’était plus impressionnant que l’Océan, car rien, selon lui, ne parlait plus hautement de Dieu. La mer avait toujours eu un puissant attrait pour l’abbé Bernard : s’il ne s’était pas consacré au sacerdoce, il n’aurait pas choisi d’autre métier que celui de marin, se disait-il, parfois… Mais la voix de Dieu s’était fait entendre, il n’y avait pas résisté.

L’abbé Bernard, un peu fatigué de sa promenade, s’assit sur un banc du jardin, dans l’attitude d’une profonde méditation. Les flots venaient mourir à ses pieds, et leur clapotage semblait être l’écho d’un hymne d’adoration, qui montait de son âme poétique et pieuse.

Tout à coup le prêtre sursauta au bruit d’une voix, qui disait auprès de lui :

— « Est-ce bien à l’abbé Bernard que j’ai l’honneur de parler ? »