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NÉMOVILLE.

vaient leur vin, les uns couchés sur la table, les autres dessous ; quelques-uns à terre ou sur les fauteuils. Je décidai de ne pas manquer cette chance de salut, qui s’offrait à moi ; je courus sur le pont, et sautai dans le canot de sauvetage, qui était à la remorque du bateau, et m’enfuis à force de rames.

Pendant deux jours, mon canot flotta sur l’Océan ; l’espérance de rencontrer un bateau sauveteur me donnait du courage. Mais à la fin mes forces me trahirent, les avirons tombèrent de mes mains, et mon canot devint une épave… Je me couchai dans le fond, n’ayant plus la force de me soutenir, et j’attendis la mort sans regret… Je m’évanouis de faiblesse et de fatigue, et je ne sais pas combien de temps mon canot battit la mer, avant d’être recueillie par le docteur Desmarais, qui me sauva la vie. »

— « Le docteur Desmarais  », fit le prêtre surpris, « qui vous a dit que c’était le docteur Desmarais qui vous avait sauvé la vie ? »

— « Mais, c’est Marcelle », répondit Gaétane, surprise à son tour de la question de l’abbé. »

— « Mademoiselle Marcelle est fort mal renseignée, à ce que je vois, reprit le prêtre, j’ai