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NÉMOVILLE.

trait au prêtre un petit médaillon, où était une miniature de femme, une femme jeune et belle, qui souriait.

— « Je me souviens aussi que mon père m’emmena en voyage avec lui. Après cela, je ne me souviens que de mon séjour chez mes parents adoptifs. Le capitaine Laurent, un homme rude qui me parlait toujours durement et sa femme, une pauvre créature, qui tremblait devant lui, mais qui était bonne pour moi. Cette pauvre femme fit pour moi tout ce qu’elle put ; c’est elle qui m’apprit à lire et à écrire et tout ce qu’elle savait. J’avais seize ans lorsque je l’ai perdue, et je l’ai pleurée sincèrement, car j’avais perdu la seule amie que j’avais alors. »

— « Pauvre petite ! murmura le prêtre. »

— « Cependant, le capitaine Laurent ne me faisait pas la vie trop dure, lorsque le dix octobre dernier, Pierre Laurent, son fils arriva à bord du bateau, qui était devenu ma demeure, depuis mon adoption par le capitaine Laurent. Je connaissais à peine Pierre, car son père l’avait, dès l’âge de dix ans, placé en pension, dans un collège éloigné, et il n’était revenu à bord qu’occasionnellement.