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NÉMOVILLE

CHAPITRE VI.


LE GOUVERNEUR.


L’abbé Bernard, suivant son guide, parcourut de longs couloirs extérieurs, tous éclairés à l’électricité. Cette promenade dura une quinzaine de minutes au plus, puis, le guide frappa à une porte et un valet vint ouvrir. « Veuillez me suivre, monsieur l’abbé » dit le valet. Et le prêtre pénétra dans un salon splendide. Il s’assit sur le fauteuil et attendit. Apercevant un magnifique orgue à l’autre bout de la chambre, il s’en approcha et se mit à jouer, car il était bon musicien. Il jouait la prière de Gounod, et mettait si bien toute son âme dans son jeu qu’il n’entendit pas entrer un jeune homme, qui s’arrêta à l’entrée de la pièce pour l’écouter. L’abbé se retournant enfin, aperçut le nouveau venu, qui lui dit :

— « Permettez-moi de vous féliciter, monsieur l’abbé ; j’ai entendu la prière de Gounod bien des fois, mais jamais je ne l’ai trouvée si belle. »