« À l’autre maintenant ! » cria Claire.
— « Je m’en charge », répondit Zilumah.
À ce moment, le vieillard ouvrit les yeux, puis il se souleva sur son lit et se mit à tousser. Ce fut une affreuse quinte de toux, accompagnée de râles et de sifflements… On ne pouvait le laisser ainsi, sans secours.
« La tisane, vite ! » dit Claire.
Courant, Zilumah versa la tisane dans un verre qu’elle remit à Claire. Celle-ci fit boire le vieillard, qui se sentit apaisé aussitôt.
Un aboiement de Tribord rappela les jeunes filles à la situation du moment. Toutes deux quittèrent le lit, puis elles s’arrêtèrent, pétrifiées par la terreur : à travers la vitre que la balle de Claire avait cassée, le second ours venait de passer la tête et la moitié du corps. Tribord s’acharnait à l’ours, le mordant aux oreilles et au museau… L’ours faisait craquer la vitre dans ses efforts pour se défendre.
La vitre va céder… Il faut envoyer une balle à l’ours, sans retard… Hélas ! en allant secourir le vieillard, tout à l’heure, toutes deux avaient déposé leurs pistolets… où ?…
La vitre a cédé… L’ours franchit l’ouverture d’un bond… Tribord se jette sur lui ; mais l’ours a bientôt le dessus. Claire court au secours de son chien… L’ours lâche Tribord et s’attaque à Claire, ce que voyant, Zilumah saisit le tisonnier qu’elle rencontre sous sa main, et en applique des coups au fauve… Claire est tombée face contre terre, mais elle n’a pas perdu connaissance : elle dit son acte de contrition, car elle croit bien que sa dernière heure a sonné… Tribord, voyant sa petite maîtresse en danger, enfonce ses dents dans le crâne de l’ours… l’affreuse bête se lève, jetant par terre Zilumah, qu’elle s’apprête à dévorer.
C’est un terrible vacarme : les grondements de l’ours, les aboiements du chien… C’est une terrible mêlée, un combat inégal, dont le plus fort sortira vainqueur…
Ni Claire ni Zilumah n’ont perdu connaissance, mais, hélas ! elles sont sans défense et la fin ne peut tarder !…