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L’OMBRE DU BEFFROI

celle et de Gaétan. Les jumelles sont âgées de près de deux mois.

De l’une des jumelles, seront parrain et marraine Henri Fauvet et Mme  de Bienencour ; de l’autre, ce seront Monique et son mari.

Quand, au baptême, le prêtre demanda les noms des petites, Mme  de Bienencour posa la main sur sa filleule et répondit :

— Celle-ci, mon Père, c’est Marcelle.

Et Monique, de son côté, de dire :

— Et celle-ci, c’est Monique.

L’histoire se répète. Les jumelles des de Bienencour avaient, elles aussi, les cheveux d’or, les yeux violets, les traits fins et délicats : Marcelle et Monique allaient revivre dans ces petites.

Oh ! comme elle carillonne, encore, cette fois, la cloche du Beffroi, pour annoncer à tous le baptême des mignonnes jumelles, Marcelle et Monique de Bienencour !

C’est le soir du baptême. Sur la terrasse du Beffroi, sur le bord de la Rivière des Songes, nos amis sont assis. Les enfants sont couchés et tout est d’une tranquillité parfaite. Quel silence ! Quelle paix !

Ce silence, cette paix, on sait qu’ils règnent partout, ce soir : à l’Abri, demeure des Cyr ; à l’Eden, demeure des Le Briel ; au Grandchesne demeure des Carrol et des Markstien…

Ce silence, cette paix… Ils flottent au dessus de la Rivière des Songes ; de l’Avenue des Trembles, là-bas ; au-dessus des Cinq Ormes, de l’Arche Enchantée, de la « maison de Febro »… Ils flottent aussi sur la Cité du Silence, cité mystérieuse et étrange, qui ne se lasse jamais de contempler ses propres charmes dans le Miroir des Anges…

Soudain, un bruit interrompt le silence : c’est celui d’un train, ralentissant son allure, avant de pénétrer dans le Tunnel du Requiem.

Puis, dans le clocher du Beffroi, tintent neuf coups sonores…

Comme si ces divers bruits avaient pour effet d’interrompre les réflexions de tous, ils se retournent d’un commun accord et regardent le Beffroi.

À ce moment, doucement, lentement, apparaît l’astre des nuits, illuminant tous les environs…

Aussitôt, sur la terrasse entourant l’ancienne abbaye, se projette clairement l’ombre du beffroi.


FIN DE LA CINQUIÈME ET DERNIÈRE PARTIE.