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LA VIE CANADIENNE 99 r« I ce IfM — Rien, mon cher ami. C’est désespérant ! Et Philippe Dunjou soupira atrocement. L’autre exprima des paroles de compassion. — Mon pauvre Philippe, j’ai tout essayé pour te trouver quelque chose ; mais les personnels sont au complet partout. — C’est ce qu’on me dit là où je me présente Fera and. Merci tout de même pour la bonne sympathie que tu as pour moi, je n’oublierai pas cela. — Ecoute, Philippe, si tu n’es pas difficile, tu pourrais toujours trouver une place chez un gros négociant de la rue Saint-Paul qui, hier, demandait un employé pour la livraison. ’ Philippe Panjou rougit violemment et s’écria avec un air de reproche : — Comment  ! tu sais qu’on a besoin d’un employé chez un négociant, et tu ne me le dis pas ! — Je te pensais difficile. — Difficile, moi. . . çg-tu fou ? Dans la situation où je me trouve. . . Non, non  ! . . .Et c’est la Providence qui te met sur ma route. Dis-moi le nom du négociant ! — Monsieur Roussel, — Monsieur Roussel ?

 J’y cours pour ne .

pas manquer cette bonne chance. Je te reverrai plus tard, merci ! Philippe Danjon, animé par l’espoir, se dirigea rapidement vers la rue Saint-Paul. Un quart d’heure après, il était introduit dans le bureau du négociant. Il dit son nom et s’excusa de sa mise négligée, expliquant qu’il était sans emploi j fr*| depuis trois longs mois, et mit le commerçant au courant de sa situation présente et passée. Le commerçant, qui était un très brave 1 oiume, lui dit : — Mon pauvre garçon, vous arrive/ une heure trop tard, nous avons l’employé qui nous manquait. Le jeune homme chancela comme s’il ut été atteint par un choc terrible. Du coup il retombait dans l’abîme de sou désespoir. Ixî commerçant devina l’atroce désapwnîtemeivt du jeune homme, et aussitôt il îsfp’issa un sourire de pitié. 1 ’u ru î tro nt y roc ha inement dans le « Roman Canadien" successivement deux romans Canadiens appelés à faire sensation. Les Cachots d’Haldimand par Jean Féron et La Cité dans les Fers par Ubald Faquin Et comme Philippe, abattu et plus sombre que jamais, allait se retirer, il le retint : — Attendez un moment, dit-il, je vais appeler mon secrétaire. 11 se leva, alla ouvrir une porte et com manda à une personne que Philippe ne put voir : — Dites à Monsieur Aubert de passer à mon bureau. Le négociant referma la porte et reprit sa place à son pupitre. — Essayez-vous, mon ami, dit-il à Philippe en lui indiquant un fauteuil. Philippe obéit. L’instant d’après, un jeune homme entrait, disant : — Vous m’avez appelé, Monsieur Roussel ?

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Puis son regard curieux se posa sur Philippe qu’il venait d’apercevoir seulement. — Monsieur Aubert, dit le négociant, ne m’avez-vous pas laissé entendre, il y a quelques jours, que vous alliez avoir besoin bientôt des services d’un employé surnuméraire dans les bureaux de l’administration ? — Oui, monsieur. Je crois qu’à l’heure présente cet employé ne serait pas de trop, je vous l’assure. — Ah j bien. Voici monsieur Philippe Danjou qui cherche un emploi. Je vous prie de l’initier à la besogne qu’il aura à /aire, et des demain matm il pourra entrer r.n fonctions avec un saluire initial de quinze dollars par semaine. Philippe sf. leva, et chancelant de joyeuse émotion, s’éi ri a : — Ah  ! monsieur, je vous remercie de tout mon caaur  ! vous pouvez être certain que je ferai tout ce qu’il me sera possible pour vous donner la plus grande satisfaction. — ’JVst bien, mon ami, sourit le négociant. Veuillez suivre monsieur Aubert qui vous indiquera le travail que vous aurez à faire < haque jour. Après avoir renouvelé l’expression de sa gratitude, Philippe sortit sur les pas du secrétaire de M. Roussel. Il était six heures quand Philippe quitta les magasins de la rue Saint-Paul. Sa