demanda Castello. « Sa présence n’est-elle pas une protection pour vous, une protection fidèle ? »
— « Fidèle ! Ah ! oui, certainement ! » dit Éliane, en riant encore. « Vous avez remarqué que j’étais pâle, M. Castello et je vous en ai dit la raison… N’en parlons plus, je vous prie. »
— « Parlons-en, au contraire ! » riposta Castello. « Comment aimeriez-vous nous accompagner, Lucia et moi, dans une excursion que nous ferons bientôt, en automobile, jusqu’à Bowling Green, Mlle Lecour ?… »
— « Bowling Green ?… Je ne connais pas cet endroit. Est-ce loin d’ici ? »
— « Deux heures en auto, à peu près, à travers bois et vallées… Je crois que cette petite promenade vous ferait du bien… Je ne vous ai pas dit peut-être, Mlle Lecour, que j’ai une résidence à Bowling Green ? »
— « Vous avez une résidence à Bowling Green… et vous préférez demeurer dans cette caverne !… Je ne… »
— « Un de ces jours, avant longtemps peut-être, je quitterai définitivement cette caverne pour aller habiter ma demeure à Bowling Green… C’est décidé alors, n’est-ce pas, Mlle Éliane ; vous nous accompagnerez à Bowling Green ? »
— « Avec plaisir ! Respirer l’air pur du dehors pendant quatre heures — aller et retour, je veux dire — me ferait du bien, je crois… En attendant, je me rends à la bibliothèque, me remettre au travail. »
À ce moment, Éliane crut entendre comme un glissement doux derrière elle ; ce bruit ressemblait à celui d’un pan de mur glissant en place.
« Qu’est-ce que cela ? » s’écria-t-elle, en se retournant brusquement et donnant toutes les marques de la plus grande frayeur.
Mais elle s’aperçut bientôt qu’elle s’était trompée ; l’ouverture entre la salle à manger et le couloir était libre… Allait-elle craindre sans cesse d’être emprisonnée, dorénavant ?… Allait-elle croire à chaque instant entendre ce glissement doux des pans de mur sur leurs rainures ?… Allait-elle craindre de rester seule dans chaque pièce de cette caverne.