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Quand le bruit eut cessé dans les couloirs, la jeune fille entendit, derrière ses portières, une sorte de glissement doux : c’était le pan de mur qui glissait sur ses rainures bien graissées.


CHAPITRE XXI

UN COMPAGNON DE CAPTIVITÉ


Deux fois déjà, Éliane avait pu apercevoir le Docteur Stone, de loin, de trop loin pour lui parler, cependant ; d’ailleurs, la présence continuelle de Lucia rendait l’approche du médecin impossible. Éliane se dit que si la chance la favorisait encore, elle trouverait le moyen de communiquer avec le docteur. Elle écrivit donc le billet que nous connaissons, et qui était tombé entre les mains du médecin, comme on sait. Après cela, la jeune fille était plus rassurée : quelqu’un allait s’occuper d’elle et sa délivrance ne saurait tarder maintenant, elle en était sûre.

Le lendemain de cette nuit mémorable durant laquelle Éliane avait découvert dans quel repaire elle vivait, Castello, et même Lucia remarquèrent l’extrême pâleur de la jeune fille. Au déjeuner, Castello lui demanda :

« Vous avez bien dormi, Mlle Éliane ? »

— « Oh ! oui, » répondit-elle. « Pourquoi pas ?… Je dors toujours bien, moi, vous savez, M. Castello. »

— « Tant mieux ! Tant mieux ! » répondit Castello. « Vous êtes pâle, Mlle Lecour, et… »

— « Si je suis pâle, » dit Éliane, « c’est que je ne prends pas assez d’exercice en plein air. Il n’est pas naturel pour un être humain de vivre sous terre… et je sais que je mourrai bientôt, dans cette caverne. »

— « Mais, » s’exclama Castello, « rien ne vous empêche de sortir quand cela vous plaît et… »

— « Sortir ! » s’écria Éliane. « Accompagnée de Lucia, » acheva-t-elle, en riant d’un rire impatienté.

— « Quelle objection avez-vous à la compagnie de Lucia ? »