Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« moonshine Cave » et la demeure de Castello, le chef des moonshiners.

Nous l’avons dit déjà, seuls, Castello, Lucia et leurs domestiques habitaient la caverne où Éliane était prisonnière ; cependant, les distillateurs se réunissaient souvent chez Castello, la nuit.

On se souvient que, lors de la deuxième apparition d’Éliane sur le rocher qui, aujourd’hui, servait de piédestal à l’Ange de la Caverne, plusieurs individus étaient réunis dans le salon, avec Castello. Un détail revint à l’esprit de la jeune fille, détail qui ne l’avait pas beaucoup frappée, dans le temps, à cause, sans doute de l’inquiétude où l’avait jetée, alors, l’état de sa mère : de tous ces hommes rassemblés dans le salon cette nuit-là — une trentaine peut-être — Castello seul était mis correctement ; les autres étaient vêtus comme des ouvriers.

Pauvre Éliane !… Elle était là, dans cette caverne, rendez-vous d’hommes hors la loi, telle une pépite d’or dans sa gangue !!

Ceux qui nous précèdent dans l’éternité, voient-ils ce qui se passe ici-bas ?… Non, sans doute, puisque le ciel est un lieu de délices sans fin et de bonheur sans mélange… Si Mme Lecour — ou Courcel — avait pu voir dans quel repaire, au milieu de quels bandits sa fille chérie était condamnée à vivre pendant de longues années, peut-être toujours, aurait-elle pu être heureuse, même au ciel ?…

Éliane se dit qu’il vaudrait cependant mieux ruser avec ces bandits. Elle se coucherait et leur laisserait croire qu’elle n’avait eu connaissance de rien. Elle pouvait se coucher — et dormir, si possible — sans crainte ; on n’en voulait pas à sa vie, elle en était sûre.

Éliane ferma donc hermétiquement la natte en paille, sur laquelle elle tira les portières, puis elle se coucha. Mais l’affreuse découverte qu’elle venait de faire l’empêcha de fermer l’œil avant quatre heures du matin, heure à laquelle tout bruit cessa.