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L’ANGE DE LA CAVERNE

Éliane semblait, tout d’abord, ne pouvoir se rendre compte de son malheur. Quand elle comprit enfin que sa mère venait de la quitter pour toujours, son désespoir fut si grand qu’elle en perdit connaissance. Vite, le Docteur Stone, aidé de Lucia, transporta Éliane dans une chambre voisine — aussi somptueuse que l’autre — car il ne fallait pas qu’elle se trouvât en présence de la dépouille de sa mère quand elle ouvrirait les yeux.

Mais, bien des jours s’écoulèrent avant qu’Éliane reprit connaissance. Une congestion cérébrale faillit l’emporter, à son tour. Chaque soir, à onze heures sonnant, Goliath arrivait, en automobile, à la résidence du Docteur Stone, et celui-ci partait pour la caverne, où il trouvait la jeune fille, toujours dans le même état.

Ce n’est que la neuvième nuit qu’Éliane reprit connaissance ; le Docteur Stone était auprès d’elle quand elle ouvrit les yeux. Elle sembla, tout d’abord, surprise de son entourage ; mais, bientôt, la lumière se fit dans son cerveau :

« Ma mère ! » s’écria-t-elle, puis elle fondit en larmes.

Le médecin la laissa pleurer ; ces larmes la sauveraient, il le savait.

« Pauvre Mlle Éliane ! » murmura le Docteur Stone, en posant sa main sur le front brûlant de la jeune fille.

Ses larmes la soulagèrent, en effet, car, bientôt, le médecin put constater que la fièvre diminuait.

« Je suis encore dans la caverne ? » demanda Éliane au Docteur Stone.

— « Oui, Mlle Éliane, vous êtes dans la caverne… Je pensais que vous apparteniez ici ? »

— « Oh ! non, » répondit Éliane. « M. Castello a généreusement offert l’hospitalité à ma pauvre mère mourante. »

— « Castello ! » s’écria le médecin.

— « C’est ici la demeure de M. Castello, » répondit Éliane. « Est-ce que vous le connaissez ? »

— « Il me semble avoir déjà entendu ce nom ; mais je ne me souviens pas en quelle circonstance… Ainsi, chère Mlle Éliane, vous ne savez pas que cette caverne… »