Le soir du sixième jour, au lieu de descendre à l’auberge, ils préférèrent camper non loin d’un village. Près des villages, les fauves étaient moins à craindre, et, le temps étant splendide, la lune brillant dans tout son éclat, on serait mieux en plein air qu’enfermé dans une chambre d’auberge pour passer la nuit.
« Andréa, » demanda Yves, « quand arriverons-nous à Macapa ? »
— « D’abord. Mirville, » répondit Andréa, « je dois vous dire que nous n’allons pas à Macapa. Qu’irions-nous y faire d’ailleurs ? »
— « Mais, Andréa, n’avez-vous pas dit au passeur… »
— « Je sais ! Je sais, Mirville : Nous nous arrêterons à une vingtaine de milles de Macapa… J’ai un secret à vous confier, Mirville, » ajouta Andréa, « un projet dont je vais vous faire part… s’il vous agrée, tant mieux ! »
« Qu’est-ce ? » demanda Yves. « Mais soyez assuré d’avance que votre proposition m’ira… Vous le pensez bien, Andréa, je me demande cent fois par jour ce que je serais devenu sans vous… vous avez pris l’initiative de notre évasion et de tout ; d’avance j’approuve vos projets quels qu’ils soient… Qu’est-ce que ce grand secret que vous allez me confier ? »
— « Tout d’abord, je dois vous dire, mon ami, que je ne cours aucun danger au Brésil. Personne ne sait rien de mon incarcération à Cayenne, personne… Quand je suis parti pour la France, j’ai changé mon nom et je puis reprendre possession de mes biens, en ce pays-ci, sans craindre quoi que ce soit… Or, je suis possesseur d’un terrain et d’une maison, à vingt milles à peu près de Macapa et… »
— « Vraiment » s’écria Yves. « Alors nous allons vivre sur votre propriété, cultiver la terre… »
— « Cultiver la terre ? Oui… Mais pas de la manière que vous croyez… Car, voici mon secret, Mirville : ce terrain qui m’appartient est aurifère. »
— « Aurifère !… Mais, alors, pourquoi l’aviez-vous abandonné votre terrain, Andréa ? »
— « Ça vous semble singulier, je sais ; mais je ne pouvais