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L’ANGE DE LA CAVERNE

« De quel côté vous dirigez-vous, mes amis ? » demanda le passeur à Yves et Andrea.

Yves regarda Andréa. En effet, où iraient-ils ?… Yves n’en savait rien ; il avait laissé la direction de leurs affaires à Andréa. La réponse de celui-ci ne se fit pas attendre.

« Nous prendrons la direction du sud ; nous irons à Macapa, » répondit-il.

— À Macapa ! » s’écria M. Duponth. « C’est bien loin d’ici ! Ferez-vous route à pied ? »

— « Une longue route à pied ne nous effraie guère, » répondit Yves en riant.

Ces braves gens étaient loin de se douter de la route que les évadés de Cayenne avait parcourue, à travers les marécages de la Guyane Française du moins c’est ce que pensèrent Yves et Andréa — Sur un terrain solide, ils ne regarderaient certainement pas à marcher pendant des lieues et des lieues.

« Vous êtes pêcheurs à la ligne, » reprit le passeur. « Je vous avertis que vous ne rencontrerez que peu de cours d’eau d’ici à Macapa. »

— « Oui, je sais, » répondit Andréa. « Notre intention est de nous engager pour la récolte du caoutchouc. »

Tout cela, c’était du nouveau pour Yves, qui se demandait, pour la centième fois peut-être, ce qu’il serait devenu, seul, dans ce pays qui lui était tout à fait inconnu.

Le lendemain matin, quand Yves s’éveilla, il s’aperçut qu’Andrea était dejà levé et parti ; ce n’est que vers les dix heures de l’avant-midi qu’il revint. Yves, qui venait de traverser le rio avec le passeur, mettait le pied sur la grève, quand Andréa arriva et sa surprise fut si grande qu’il ne put retenir une exclamation. Car Andréa n’était pas à pied : assis dans une sorte de chariot très léger, il conduisait un cheval, jolie bête à la robe blonde et à la crinière noire, qui piaffait en hennissant joyeusement.

« Voyez, Mirville ! » s’écria Andréa. « Plus de cheminement à pied pour nous, dorénavant ; ce cheval et cette voiture nous appartiennent… Qu’en pensez-vous ? »