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L’ANGE DE LA CAVERNE

souffle brûlant du second jaguar, qui accourait venger son compagnon, sans doute.

Yves, voyant Andréa en danger, sauta sur le sol et arrivé près d’Andréa, il planta le bout effilé de sa gaule dans l’épaule de la bête qui, voyant qu’elle avait affaire à deux ennemis, se retourna immédiatement sur le nouveau-venu. Mais Andréa s’était relevé, il avait saisi le couteau qui était resté dans le cœur du premier jaguar et il plongea ce couteau dans la gorge du nouvel assaillant, qui tomba pour ne plus se relever.

La victoire était aux évadés de Cayenne ! La lutte avait été terrible ; mais ce serait la dernière de ce genre… Déjà, le jour commençait à poindre et, ce soir-là — on l’espérait du moins — on serait sur les bords du rio Oyapok.

Le cheminement fut moins difficile, ce jour-là ; on en avait fini des marais enfin ! Le terrain ne se ployait plus sous les pas des deux hommes ; ils purent marcher d’un bon pas toute cette journée.

Yves et Andréa se livrèrent même à la chasse ; ils tuèrent du menu gibier qu’ils firent cuire immédiatement. Il leur restait des provisions mais leur chasse d’aujourd’hui leur serait utile, indispensable peut-être, quand ils auraient quitté les marais ; il faut tout prévoir. Tristan précédait ses maîtres en aboyant joyeusement, comme s’il eut compris que le plus difficile de l’évasion était chose du passé.

Inutile de dire qu’Andréa n’avait pu se décider d’abandonner les peaux de deux jaguars tués la nuit précédente et, comme il avait retrouvé la peau du premier jaguar, celle qui leur avait servi de tente, Yves et Andréa étaient possesseurs de trois magnifiques fourrures d’une grande valeur et d’une grande beauté.

Il était huit heures du soir quand les deux hommes arrivèrent sur les bords de l’Oyapok. Un cri de joie et de soulagement s’échappa de leurs poitrines en apercevant ce rio qu’ils n’avaient qu’à traverser pour en avoir fini de la Guyane Française. Tristan gambadait en aboyant ; il prenait part au bonheur de ses maîtres.