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L’ANGE DE LA CAVERNE

m’avait dit qu’il n’était pas coupable… qu’il était victime d’une erreur judiciaire… Je me souviens mère, je me souviens ! »

— « C’est vrai, mon enfant. »

— « Mère, » demanda la jeune fille, « parmi mes souvenirs d’enfance, je revois souvent un garçonnet que je devais aimer beaucoup. Qui était ce garçonnet ? Était-ce mon frère ? »

— « Ton frère ?… Non, chérie, je n’ai jamais eu d’autre enfant que toi… Ce garçonnet, c’était Tanguay… le fils de Sylvio Desroches. »

— « Ah ! » dit Éliane, songeuse. “Qu’est-il devenu, mère ? »

— « Je ne saurais te le dire, ma fille… Il a hérité d’une belle fortune de son père, sans doute… je ne sais… Je ne puis parler plus longtemps ; mais je veux te demander de continuer à porter le nom de Lecour… Me le promets-tu ? »

— « Je vous le promets, mère ! »

— « C’est bien, mon enfant, » murmura Mme Lecours. « Je vais dormir maintenant. Dors bien, toi aussi, Éliane ; voilà deux nuits que tu passes à mon chevet, sans fermer l’œil un instant… Bonne nuit, ma chérie ! »

Bientôt, Mme Lecour — nous continuerons à lui donner ce nom — dormait, mais d’un sommeil agité. Il pouvait être deux heures du matin quand elle s’éveilla tout à coup, prise d’une nouvelle crise d’étouffements. Elle posa sa main sur l’épaule d’Éliane, qui s’était couchée, toute habillée, près de sa mère. Éliane s’éveilla immédiatement.

« Êtes-vous malade, mère ? » demanda-t-elle.

— « J’étouffe ! » parvint à articuler Mme Lecour. « Mon cœur ! Mon cœur ! »

Éliane prit un journal et l’agita doucement au-dessus de la malade, afin de lui procurer un peu d’air et bientôt, Mme Lecour se sentit apaisée ; mais elle fut prise d’un grand frisson. La jeune fille jeta sur sa mère toutes les couvertures et tous les manteaux qu’elle put trouver afin d’essayer de la réchauffer un peu… Inutilement ; Mme Lecour continuait à être secouée de frissons.

Alors Éliane eut peur, peur de voir sa mère mourir sous