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L’ANGE DE LA CAVERNE

La jeune fille portait une petite valise. Cette valise était lourde ; elle devait sembler plus lourde encore, à cause de l’extrême chaleur qu’il faisait. Si, mu par la curiosité, un passant eut voulu connaître les noms de ces deux femmes, il n’aurait eu qu’à jeter les yeux sur une étiquette collée à la petite valise que portait la jeune fille ; on pouvait y lire : « Mme Lecour. »

« Vous êtes bien fatiguée, mère ! » dit tout à coup, la jeune fille.

— « Nous sommes fatiguées toutes deux, je crois, ma chérie, ” répondit Mme Lecour d’une voix faible.

— « La chaleur est si grande ! » s’écria la jeune fille.

— « Et nous marchons depuis si longtemps ! »

— « Au lieu de suivre la route ainsi, mère, pourquoi ne cheminons-nous pas à travers le bois ? Ces grands arbres que nous voyons, là-bas, nous protégeront de leurs ombres. »

— « Tu as raison, chère enfant » répondit Mme Lecour.

Toutes deux quittèrent la grande route et s’enfoncèrent sous bois ; la chaleur était plus supportable ainsi. Elles marchèrent en silence pendant quelques instants, puis Mme Lecour dit :

« Combien nous reste-t-il d’argent Éliane ? »

— « Il nous reste à peu près deux dollars, » répondit la jeune fille ; « mais nous pouvons, avec cette somme, trouver à nous loger cette nuit, mère… De plus, nous avons des provisions dans cette valise. »

— « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Quel sort est le nôtre ! » s’écria Mme Lecour éclatant en sanglots.

— « Ne pleurez pas ainsi, mère, je vous prie ! Je trouverai de l’emploi à Smith’s Grove, je l’espère et… »

— « Dieu le veuille, ma pauvre enfant, Dieu le veuille ! » soupira Mme Lecour. Puis elle s’arrêta, posa la main sur son cœur et murmura : « Mon cœur !… Je ne puis aller plus loin, Éliane. »

— « Asseyons-nous ici, mère ; nous nous reposerons un peu. »