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L’ANGE DE LA CAVERNE


CHAPITRE VIII

PÉNIBLE CHEMINEMENT


Ainsi que l’avait prédit Andréa, Tristan rendait des services aux évadés de Cayenne. C’est grâce à Tristan qu’ils purent dormir paisiblement, quoiqu’à tour de rôle, chaque nuit. C’est grâce à Tristan qu’ils ne s’enlisèrent pas dans le terrain spongieux des marais. L’expérience avait démontré au chien qu’il ne fallait pas s’aventurer sans reconnaître le terrain auparavant, et c’était assez curieux de le voir risquer une patte, puis l’autre, usant de précautions sur un terrain douteux.

Mais Tristan ne pouvait empêcher qu’on rencontrât des arpents et des arpents de terrain marécageux et les évadés eurent de bien grandes fatigues à subir et de bien grands dangers à surmonter. Dans ces parties marécageuses où le sol s’effondre sous le pied de l’homme, Yves et Andréa devaient sauter d’un tronc d’arbre à un autre ou d’une pierre à une autre, et cela, souvent, sur un parcours d’un demi mille.

Quant à Tristan, c’était un chien de race, un lévrier pur sang ; cela veut dire qu’il savait exécuter les sauts les plus prodigieux. Tristan sautait quand il voyait sauter ses maîtres d’un tronc d’arbre à un autre, ou d’une pierre à une autre, lui aussi.

Quand les troncs d’arbres ou les pierres étaient trop éloignés les uns des autres, on se servait des gaules, et l’on franchissait, sur ces frêles ponts, six ou sept pieds au-dessus de l’abîme. Car ces marais sont des abîmes sans fond, auxquels on ne peut songer sans frémir !!

Les flèches qu’avait fabriquées Andréa rendaient aussi bien des services. On abattait du gibier, tel que canards sauvages, pigeons etc. Ce gibier, qu’ils pouvaient faire cuire, sauva la vie de ces deux hommes. Tristan se contentait des débris. Inutile de dire que le pain manquait depuis longtemps. De ces croûtes qu’ils étaient parvenus à mettre de