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L’ANGE DE LA CAVERNE

cier. Cette corniche était à dix pieds plus bas que les fenêtres de 818 et 602. Il leur faudrait donc, d’abord, exécuter un saut périlleux — si périlleux qu’on frissonne d’horreur rien qu’à y penser — de leurs fenêtres à la corniche. En se suspendant par les mains à leurs fenêtres, le saut, il est vrai, serait diminué de six pieds pour 818 et de cinq pieds six pouces pour 602, mais… Inutile de dire que cette corniche qu’il fallait atteindre n’était pas entourée : un faux mouvement, et ces hommes seraient précipités de quarante pieds de haut à une mort certaine.

Pour se risquer sur cette corniche, il fallait avoir le pied sûr, la tête et le cœur solides et n’avoir rien à craindre du vertige.

Dieu seul pouvait protéger ceux qui allaient se risquer sur cette corniche !  !

Dix heures du soir.

Quand le dernier coup de dix heures résonna au cadran du pénitencier, 818 et 602 s’agenouillèrent près de leurs lits et échangèrent ces mots :

« C’est l’heure ! »

Puis chacun escalada sa fenêtre et s’y suspendit quelques instants, le corps en dehors, dans le vide… Ensuite, tous deux lâchèrent prise… Ces quelques instants que ces hommes passèrent suspendus à leurs fenêtres, furent épouvantables… Si leurs pieds allaient manquer la corniche, combien affreuse serait leur mort !… Broyés sur la cour dallée du pénitencier ! … Mais, non ; leurs pieds, à tous deux, rencontrèrent la corniche.

Maintenant, il s’agissait de se retourner, pour faire face à l’ouest de la bâtisse, où était suspendue l’échelle de sauvetage. .. Dans la profonde obscurité de cette noire nuit, ce demi-tour à gauche comportait de terribles dangers… Mais, encore cette fois, le ciel leur vint en aide…

Les voilà donc, tous deux, faisant face à l’ouest et commençant cette marche périlleuse vers l’échelle de sauvetage, sur une corniche de deux pieds et demi, à quarante pieds du sol !…