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L’ANGE DE LA CAVERNE

c’est qu’il avait été surpris il y avait six mois, alors qu’il essayait de s’évader… Eh ! bien, il allait essayer encore une fois ; peut-être aurait-il plus de chance !

Ce qui rendait la souffrance d’Yves Courcel — ou de 818, si l’on veut — plus amère encore, c’était cette pensée qui l’obsédait nuit et jour :

« Ma femme a douté de moi ! Elle m’a cru coupable ! »

Oui, hélas ! Mme Courcel n’avait pu douter de la culpabilité de son mari, qu’elle aimait, pourtant… Cet argent, ces 250,000 francs dont il ne lui avait dit mot, et qu’on avait trouvés dans son coffre-fort… Puis cette peine extrême — que Mme Courcel avait trouvé un peu exagérée, malgré l’amitié qui liait les deux hommes — cette peine extrême, dis-je, que son mari ressentait de la disparition de Sylvio Desroches… n’était-ce pas plutôt du remords ?

Mme  Courcel était allé rendre visite à son mari trois fois pendant qu’il était incarcéré dans la prison de la ville. À sa dernière visite, elle avait amené Éliane, âgée de neuf ans, alors. La chère mignonne ne comprenait pas pourquoi son papa chéri, qu’elle adorait, restait enfermé dans cette laide maison grise et sombre.

Yves sentit son cœur se briser quand il dit adieu à sa mignonne Éliane ; il lui avait dit : « Écoute, Éliane, mon ange bien-aimé, dis-toi toujours ceci — et tu en comprendras, plus tard la signification : « Papa n’était pas coupable ; il a été victime d’une affreuse erreur judiciaire ! »

Il y a trop de ces erreurs judiciaires, malheureusement !


CHAPITRE VI

UNE ÉVASION ET SES DANGERS.


Dix heures moins le quart du soir.

Dans leurs cellules, 818 et 602 commencèrent à faire leurs préparatifs de départ.