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— « De Gastello ! » s’écrièrent-ils tous.

Tanguay lut tout haut ce qui suit :

« Madame E. C. Desroches,
Villa Andréa,
Bowling Green, Kentucky, E.-U.
Amérique du Nord.
Madame,

Vous allez être étonnée, sans doute, de recevoir une lettre de moi ; c’est la première que je vous écris ; ce sera aussi la dernière. Demain, j’entre chez les Bénédictins, communauté austère, comme vous le savez. Dieu m’a pardonné mon passé ; vous aussi, vous serez généreuse, n’est-ce pas et me pardonnerez ?

Puis-je vous prier, Madame, d’accepter, en souvenir de moi, mes livres ainsi que le contenu d’une caisse, qui vous parviendra presqu’en même temps que cette lettre ? Mes livres — toute ma bibliothèque — vous pouvez l’accepter sans remords, car ces livres me sont parvenus en héritage, jadis. Quant aux autres objets que contient la caverne, ils seront vendus à l’enchère et le prix en sera remis au gouvernement des États-Unis d’Amérique ; vous le voyez, Madame, j’essaie d’expier, en remettant au gouvernement ce qui lui revient de droit.

Espérant, Madame, que vous m’avez déjà pardonné, je vous prie de croire au respect avec lequel je signe, pour la dernière fois,
Anselmo del Vecchio-Castello. »

« Castello dans une communauté ! » s’écria Yves Courcel ; « je ne vois pas bien cela d’ici. »

— « Moi non plus ! » répliqua Tanguay.

— « Castello fera un fameux moine ! » dit Yves, en riant d’un bon cœur.