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L’ANGE DE LA CAVERNE

« Le porte-feuille de M. Desroches, » dit, assez tranquillement l’agent de sûreté. « Ce porte-feuille doit contenir 250, 000 francs. »

« Yves ! Mon mari ! » s’écria Mme Courcel. » « M. Courcel, ” reprit l’agent, « vous êtes le dernier qui ait été vu en compagnie de M. Desroches… M. Desroches a disparu mystérieusement… et nous trouvons chez vous, caché dans votre coffre-fort, le porte-feuille de M. Desroches contenant un quart de million. »

— « Mon Dieu ! Mon Dieu ! » s’écria Mme Courcel, puis elle perdit connaissance.

Yves voulut voler au secours de sa femme, mais l’agent de sûreté le retint. Il posa sa main sur l’épaule du malheureux et dit :

« M. Yves Courcel, je vous arrête, au nom de la loi ! »

Yves Courcel passa à la cour de police, puis en cour d’assises. Dans l’intervalle, on trouva, dans la Seine, un cadavre tout défiguré, dont les habits ressemblaient à ceux que Sylvio Desroches portaient, lors de sa disparition. Constatation faite, cet homme ne s’était pas noyé ; il avait été assommé, puis jeté dans la Seine. Yves Courcel fut trouvé coupable de vol et d’assassinat. Mais, comme on n’avait pas de preuves certaines de sa culpabilité, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Yves Courcel fut transporté au pénitencier de Cayenne, dans la Guyane Française. Yves Courcel n’existait plus, maintenant, comme citoyen ; il ne restait de lui qu’un pauvre malheureux, portant le numéro 818, celui que nous avons vu, dans le premier chapitre de ce récit, complotant de s’évader du pénitencier de Cayenne, celui qui, agenouillé, priait Dieu de le protéger et de permettre qu’il revoie un jour, sa fille bien-aimée, son Éliane chérie !

Il y avait dix ans qu’Yves Courcel était à Cayenne, souffrant pour des crimes qu’il n’avait pas commis, et si nous trouvons 818 enfermé dans le pénitencier même, au lieu de jouir de la demie-liberté dont jouissent les forçats de Cayenne,