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Quel succès eut Éliane ! Les trois hommes avaient des larmes dans les yeux. Tanguay, le visage pâli, le coude appuyé sur le piano, pleurait franchement. O ciel ! O ciel !… Son Éliane ! Sa bien-aimée !

« Ne vous levez pas maintenant, ma bien-aimée ! » supplia Tanguay d’une voix tremblante. Sûrement, vous allez chanter autre chose… Voyez, » ajouta-t-il, en regardant l’heure à sa montre, « il faut que je parte dans un petit quart d’heure et… »

— « Pourquoi n’attendez-vous pas à demain pour retourner à Smith’s Grove, Docteur ? » dit Mirville. « Nous vous ferons mener en automobile. »

— « Je regrette de ne pouvoir accepter cette offre si tentante, » dit le médecin ; « mais je ne le puis… Éliane, voulez-vous chanter autre chose, ma chérie ? »

— « Je chanterai bien une petite berceuse, si cela peut vous être agréable, » répondit la jeune fille. « Cette berceuse, c’est ma mère qui l’a composée, paroles et mélodie… J’en ai fait la musique… en souvenir de ma bien-aimée maman… Docteur Stone, comme vous avez connu ma mère, la petite berceuse qu’elle a composée vous intéressera, sans doute ? »

— « Assurément, oui ! Pauvre Mme Lecour ! »

— « Nous serons tous intéressés, Éliane, mon enfant ! » assura Mirville.

— « C’est bien alors, mon père… Voici la petite berceuse ; elle est intitulée : « Dors, mon enfant. »

Après avoir joué la ritournelle de cette berceuse, qu’elle avait chantée dans la caverne, certain soir — on s’en souvient — Éliane chanta :

En regardant tes lèvres roses,
Ton front charmant,
Lorsque, dans mes bras, tu reposes
Si doucement,
Mon cœur s’inonde de… »

Mais la berceuse fut interrompue brusquement.