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L’ANGE DE LA CAVERNE

parvenus à m’effrayer un peu, je crois et je n’aime pas me promener à cette heure avec tant d’argent sur moi. »

Yves prit le porte-feuille des mains de Sylvio, puis il se dirigea vers un coffre-fort, dont il ouvrit la porte :

« Vois, » dit-il à Sylvio, en déposant le porte-feuille dans un tiroir du coffre-fort, « ton argent sera en sûreté ici jusqu’à demain. »

— « Merci, » répondit Sylvio. « Je serai ici à neuf heures et demie, demain matin et ensuite, j’irai déposer cet argent à la banque. À demain ! »

— « À demain, cher cher ami, « répondit Yves, subitement attendri et pressentant je ne sais quel malheur. « Tâche de bien dormir… et… bonne nuit ! »

— « À demain ! » répéta Sylvio Desroches. « À demain ! » Il prit la direction de l’escalier, mais il revint, encore une fois vers Yves. « N’est-ce pas, Courcel, que c’est, entre nous, à la vie, à la mort, toujours ? »

Puis Sylvio Desroches descendit les marches de la résidence d’Yves Courcel.

Yves entendit, pendant quelques secondes les pas de son ami sur le trottoir, puis tout entra dans le silence. Yves soupira tout à coup : Sylvio n’était certainement pas dans son état normal… Il n’aurait pas dû, lui, Yves, le laisser partir… S’il allait tomber malade, seul dans ses appartements… Yves fut tenté de courir après son ami et le ramener chez lui ; mais il résista à cette tentation : dans l’état d’énervement où était Sylvio, ce soir, cet excès de zèle pourrait le froisser.

Il était minuit quand Yves Courcel se coucha enfin ; mais il ne dormit guère de la nuit, tant il était inquiet de son ami Sylvio Desroches.