— « Je me nomme… Pierre, Monsieur Pierre, Mlle Éliane. Oh ! s’écria-t-il soudain, avec beaucoup d’exaltation dans la voix, « libre ! libre ! Je suis libre enfin ! ! »
— « Monsieur, » dit le Docteur Stone, d’une voix qu’il essayait de rendre rude, « vous n’êtes pas libre encore… Il s’agit de sortir de cette caverne d’abord. »
Éliane jeta un regard étonné sur le médecin ; pourquoi prenait-il ce ton pour parler à M. Pierre ?… Mais un signe imperceptible du docteur lui fit tout comprendre : M. Pierre était dans un état d’exaltation tel qu’il fallait l’apaiser ; sans quoi, il pourrait mourir, ou, du moins, devenir fou subitement, de joie.
— « Monsieur, » reprit le Docteur Stone, « veuillez nous donner votre aide pour transporter une malade. »
— « Certainement, » répondit M. Pierre.
On se rendit dans la chambre de Lucia. Elle semblait sommeiller, mais Éliane lui parla et elle ouvrit les yeux. Elle parut surprise en apercevant les deux hommes qui accompagnaient Éliane, mais elle ne dit rien… Chose certaine, elle ne reconnut pas le Docteur Stone avec sa barbe inculte, car le médecin s’était vu obligé de cultiver une barbe depuis son emprisonnement, faute de rasoir.
Avec de grandes précautions, on enleva le matelas sur lequel Lucia était couchée… Pauvre Lucia ! Elle ne pesait guère !… Éliane prit une des extrémités du matelas avec le Docteur Stone et Bamboula prit l’autre extrémité avec M. Pierre. Enfin, on mit le pied dehors !…
Le fourgon attendait tout près de la porte de la caverne et Paul était déjà au volant. Le matelas contenant Lucia fut déposé au fond du fourgon. Éliane se plaça à sa tête (inutile de dire que Rayon était sur les talons de la jeune fille) et Bamboula à ses pieds. Le Docteur Stone et M. Pierre prirent place à côté de Paul ; on était prêt à partir.
« Nous sommes prêts ? » demanda le Docteur Stone.
— « Oui, nous sommes prêts ! » répondit Éliane.
M. Pierre se leva soudain, puis, faisant de grands gestes