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je me rendis à ma chambre… que je partage avec le cuisinier et René, comme vous savez… »

— « Oui, je sais, » répondit Éliane.

— « Mais je ne pouvais dormir… Le cuisinier ronflait et René avait le cauchemar… Je résolus donc de retourner au salon afin de vous demander la permission de prendre un livre dans la bibliothèque… J’avais, avec votre permission, commencé à lire : « Deux ans de vacances » par Jules Verne… c’est si intéressant et il y a de si belles images !… Juste au moment où je sortais de ma chambre, je vous ai aperçue, Mlle Lecour ; vous vous dirigiez vers la bibliothèque… Un monsieur et un garçonnet — un nègre je crois — vous suivaient. »

— « Ah ! » dit Éliane.

Ainsi, Paul avait eu connaissance de tout !… Heureusement, ni Samson, ni les autres n’en avait eu connaissance ; Éliane pouvait se fier à Paul.

« Vous n’êtes pas fâchée, Mlle Lecour ? » demanda Paul, des larmes dans la voix. « Ce n’est pas de ma faute, je… »

— « Fâchée ! Mais non, pauvre enfant ; je suis plutôt soulagée à la pensée que tu sais… Toi aussi, tu désires quitter cette caverne, hein, Paul ? »

— « Si je le désire !… Mlle Lecour, Dieu me préserve de devenir un moonshiner… comme les autres ! »

— « Nous travaillerons ensemble. Demain, je te montrerai la cachette où sont mes prisonniers… On ne sait pas… Je puis tomber malade ou quelque chose de ce genre, et il est bon que tu saches où ils sont cachés… Va, maintenant ; il y a assez longtemps que tu es ici, on finirait pas le remarquer… René… »

— « René tourne autour de la bibliothèque, Mlle Lecour ; je l’ai vu souvent. »

— « Oui, je m’en suis aperçue… Rayon aussi s’en est aperçu, et je vais… »

Comme pour donner raison aux paroles d’Éliane, Rayon se mit à gronder. Éliane se leva d’un bond et elle ouvrit les portières de la bibliothèque, donnant sur le couloir. René était là ; c’était le temps de lui donner une leçon. La person-