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CHAPITRE VI

UNE PROPOSITION DE CASTELLO


Castello entra dans la bibliothèque, tenant son chapeau et sa canne à la main. Il jeta un coup d’œil sur la table et vit qu’Éliane n’avait pas encore touché à son lunch.

« Vous n’avez pas encore pris votre lunch, Éliane ! » s’écria-t-il, « et il est deux heures. »

— « Pas encore, M. Castello. Je voulais terminer la lettre « N » dans le catalogue auparavant ; mais voilà que c’est fini et je vais manger avec appétit, je n’en doute pas. »

— « Je vous verrai au dîner alors, Éliane. Je vais sortir… J’ai reçu une dépêche qui va m’obliger d’avancer mon départ d’un jour ; je partirai demain matin. »

« Si tôt » ! s’écria Éliane, le cœur battant de joie et de soulagement.

Encore, cette fois, Castello s’illusionna sur l’exclamation d’Éliane.

« Chère bien-aimée, » lui dit-il, « est-ce que vraiment mon départ vous affecte à ce point ?… Éliane, » reprit-il, « pourquoi ne m’accompagnez-vous pas dans ce voyage… comme ma femme, j’entends ? »

— « Votre femme ! y pensez-vous, M. Castello, quand vous partez demain matin ! »

— « Rien ne sera plus facile que de faire célébrer notre mariage ce soir même… Vraiment, ma chérie, comment n’y ai-je pas pensé plus tôt !… Épousez-moi ce soir, Éliane et nous partirons ensemble, demain. Quel magnifique voyage de noces nous ferons !… Je vais m’occuper de cela immédiatement et je… »

Pauvre Éliane !… Elle crut qu’elle allait s’évanouir de peur à cette proposition de Castello… Il avait l’air tellement résolu que la jeune fille en frissonna de la tête aux pieds… Allait-elle être obligée de lui jeter son mépris à la face ?… Alors, adieu à la demi-liberté qu’elle avait rêvée pen-