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L’ANGE DE LA CAVERNE

Sylvio Desroches fronça les sourcils et pâlit.

« Vous ne me croyez pas, peut-être, d’Oural ? » dit Sylvio Desroches d’un ton sec, « Je vais vous prouver que je ne mens pas que je ne me vante pas même… Voyez ! »

Ce disant, Sylvio jeta sur la table un porte-feuille, duquel il retira des titres au porteur de la valeur de 250,000 francs.

« Voyez ! » reprit Sylvio Desroches, devenant tout à fait excité cette fois. « Il y a, dans ce porte-feuille, plus de 250,000 francs ! Une affaire d’or, vous dis-je, une affaire d’or, messieurs ! »

Yves regardait son ami avec des yeux étonnés et inquiets… Jamais, auparavant, Sylvio n’avait parlé ni agi de cette manière… Yves sentit un frisson le secouer de la tête aux pieds et son cœur fut étreint comme d’un funeste pressentiment.

« Mon pauvre Desroches, » s’exclama tout à coup le Comte d’Oural, « permettez-moi de vous dire que vous faites une sottise de vous promener dans la ville ainsi, le soir, avec tant d’argent sur vous… C’est risquer votre vie… Des gens ont été assassinés, déjà, pour infiniment moins qu’un quart de million ! »

— « C’est vrai, » répondit Sylvio Desroches, en remettant son porte-feuille dans sa poche. « Mais, je viens de terminer cette affaire et les banques sont fermées. Demain matin, je déposerai cet argent. »

— « Et vous ferez bien ! » s’écria Letendre… « En attendant, pour l’amour de Dieu, et si vous n’êtes pas fatigué de la vie, Desroches, n’allez pas exhiber votre porte-feuille à tout venant ! »

— « Je crois, » dit Sylvio, en se levant, « que je ne veillerai pas au club ce soir… Je suis fatigué… Je ressens des bourdonnements dans la tête… Une bonne nuit de sommeil me fera du bien… Au revoir, à tous !… Viens-tu, Courcel ? »

— « Oui. Je ne tiens pas à veiller tard moi-même. Allons, Desroches ! Au revoir, messieurs, » ajouta Yves Courcel à ses