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CHAPITRE IV

DE CHARYBDE EN SCYLLA


À peine Castello et Lucia eurent-ils quitté la caverne que Paul, l’un des petits marmitons, frappa à la porte du salon où se tenait Éliane. Ce jeune marmiton s’était attaché à Éliane et il savait lui prouver son attachement par mille petites attentions, quand l’occasion s’en présentait. C’était un enfant aimable, tout à fait aimable que Paul ; aussi, la jeune fille l’aimait-elle beaucoup. Elle ne manquait jamais de lui adresser une parole ou un sourire quand elle le rencontrait.

Paul entra dans le salon. Aussitôt, Rayon se mit à aboyer et à se démener à la manière des jeunes chiens.

« Oh ! la belle petite bête ! » s’écria Paul. Il appela le chien, qui s’approcha du marmiton en frétillent de la queue. « Je n’ai jamais vu un si beau petit chien de ma vie ! » continua-t-il. « On dirait plutôt que c’est un petit chien de laine ; il semble trop beau pour être vivant… Comment se nomme-t-il, Mlle Lecour ? »

« Il se nomme Rayon, Paul, » répondit Éliane.

— « Mlle Lecour, j’ai servi un goûter pour vous dans la bibliothèque, d’après l’ordre que j’en ai reçu de M. Castello… »

— « Merci, Paul, » répondit Éliane.

— « Si vous n’avez plus besoin de moi maintenant, Mlle Lecour, je vais aller me coucher. »

— « Je n’ai pas besoin de toi, Paul, » dit Éliane. « Je te remercie pour le goûter. Je me coucherai de bonne heure, moi aussi, probablement ; mais je serai bien aise de prendre une bouchée tout à l’heure, peut-être… Le cuisinier et René sont ils couchés, Paul ? »

— « Oui, Mlle Lecour ; ils ronflent depuis longtemps déjà… Bonne nuit, Mlle Lecour ! »

— « Bonne nuit, Paul et, encore une fois merci. » Quand Paul se fut retiré, Éliane se mit au piano et, les yeux fixés sur le piédestal de l’Ange de la Caverne, elle se demandait comment elle s’y prendrait pour franchir ce mur,