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Ange, je sens mon cœur de mère
Tout palpitant…
Pour toi, je chante une berceuse ;
Aussi, ce chant,
C’est le cri d’une mère heureuse…
Dors, mon enfant !

III

Ah ! que jamais tu ne connaisses
Ni le tourment,
Ni l’épreuve, ni les détresses,
Un seul instant !
Mon amour te garde, chérie,
Fidèlement…
Que douce soit, pour toi, la vie !…
Dors, mon enfant !

« Merci et encore merci, Mlle Lecour ! » s’écria Castello. « Elle est vraiment jolie cette berceuse ! La musique est ravissante et les paroles débordent d’amour maternel. »

— « Pauvre maman ! » murmura Éliane.

— « Mlle Éliane, » reprit Gastello, « vous avez deviné, sans doute sur quel sujet je désire vous entretenir, ce soir ? »

— « Mais non, M. Castello, » répondit Éliane. « Je ne… »

— « Sûrement, sûrement, Mlle Éliane, » reprit Castello, « vous avez dû lire dans mon cœur déjà !… Je vous aime, Éliane ! Je vous aime !… Voulez-vous devenir la Comtesse del Vecchio-Castello ?… Je vous comblerai de richesse, vous habiterez un palais, vous commanderez à une armée de domestiques, vous… Éliane, Éliane, voulez-vous être ma femme ? »

La surprise d’Éliane fut tellement grande qu’elle faillit crier ; même, une exclamation d’horreur vint à ses lèvres… Cependant, elle pensa à temps à ceux qu’elle avait résolu de sauver : le Docteur Stone et son petit domestique, puis le captif… Non ; il fallait ruser avec ce Castello, afin de lui inspirer confiance… Il fallait lui jeter de la poudre aux yeux, si elle voulait réussir dans sa grande entreprise.