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L’ANGE DE LA CAVERNE

faisait au jeune veuf une place à son foyer ; aussi, quelle respectueuses et tendre amitié Sylvio éprouvait pour la femme de son ami !

Et les affaires, comment allaient-elles ?… Yves était-il toujours poursuivi par la malchance ?… Eh ! bien, oui !… On n’était pas riche chez les Courcel ; le nécessaire et le confort régnaient au foyer ; mais le luxe en était exclus… et pour cause. Qu’importait, en fin de compte ; ils étaient jeunes tous deux et leur gentille Éliane était déjà une adorable fillette, idolâtrée de ses parents. La richesse ne fait pas toujours le bonheur. La santé, une confortable aisance ; voilà des dons qui valaient mieux que de l’or… et de ces dons, les Courcel savaient se contenter et en rendre grâce à Dieu.


CHAPITRE III

LE « CLUB DES BONS VIVANTS »


Un soir, trois habitués étaient attablés dans un des salons du « Club des Bons Vivants. » Le « Club des Bons Vivants » était très achalandé, très aristocratique et très comme il faut. Jamais on ne jouait gros jeu au « Club des Bons Vivants » ; c’était défendu par les règlements. Une petite partie d’écarté de temps à autre, ce n’était pas défendu, du moment qu’on ne jouait pas pour de l’argent.

Ce soir-là, donc, un des « Bons Vivants » attablés, s’amusait à mêler des cartes, tout en causant.

« Il nous manque un compagnon pour faire la partie, ce soir. Je serais bien disposé à jouer quelques parties d’écarté. »

— « Moi aussi, » répondit Letendre, un monsieur fort corpulent. « Allons voir si nous n’y trouverions pas un quatrième dans la salle de billard. »

À ce moment, quelqu’un entra dans le salon.

« Tiens ! Voilà Courcel ! » s’exclama-t-on.

— « Bonsoir, messieurs, » dit Yves Courcel. « Vous alliez jouer aux cartes ? Que je ne vous dérange pas ! »