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si je pouvais adresser la parole à M. Mirville ; lui parler seule à seul et lui dire… Mais, ni M. Castello ni Lucia ne me laissera seule avec lui, je sais ; on se défie… et non sans raison… Cependant, j’y suis décidée, je ne retournerai pas à la caverne, non, je n’y retournerai pas !… Et puisqu’on ne veut pas me laisser seule avec ces messieurs, je leur dirai tout quand même, j’implorerai leur protection en la présence de M. Castello et de Lucia, s’il le faut.»

« Vous aimez la lecture, Mlle Lecour ?… » dit tout à coup, près d’Éliane, la voix de Mirville.

— « Oh ! oui, monsieur, » répondit Éliane, en souriant. « Et vous avez une si splendide bibliothèque ici ! »

— « Je suis content que notre bibliothèque vous plaise, » dit Mirville, « et j’espère que vous nous ferez une visite de temps à autre. »

— « Merci, M. Mirville, » répondit Éliane : « Mais, hélas ! je ne… » Mais Lucia, qui n’aimait guère voir Éliane causer avec un étranger, aussi intimement, se hâta d’interrompre.

« Avez-vous remarqué ce buste de Minerve, Éliane ? » demanda-t-elle.

— « Éliane ! » murmura Mirville en portant la main à son cœur. « Vous vous nommez Éliane, Mlle Lecour ? »

— « Oui, monsieur, ” répondit Éliane.

— « Ah ! » s’exclama Mirville, pâle jusqu’aux lèvres. Puis, voyant les yeux de Castello fixés sur lui avec défiance, il ajouta. « J’ai connu quelqu’un de ce nom déjà, et c’est pourquoi… »

— « Quelqu’un que vous avez aimée peut-être ? » demanda Éliane.

— « Oui. »

— « Ah ! ne m’aimerez-vous pas un peu moi aussi… en souvenir d’elle ? »

— « Chère chère enfant ! » s’écria Mirville, en déposant un baiser sur le front de la jeune fille.