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— « Merci M. Mirville, » répondit Gastello ; « mais nous ne pouvons abuser de votre hospitalité ainsi. » — « Pas du tout ! Pas du tout ! » s’écria Mirville.

Il posa son doigt sur un timbre électrique et une femme, jeune encore, à l’air souriant, se présenta à la porte de la bibliothèque.

« Mme Duponth, » dit Mirville, « faites ajouter trois couverts, s’il vous plaît ; nous avons des invités à dîner. »

— « Bien, monsieur, » répondit Mme Duponth, en se retirant.

La conversation s’engagea entre Castello et ses hôtes :

« Vous possédez de magnifiques peaux de jaguars ! » s’écria Castello, « Est-ce vous qui avez tué ces fauves ? »

— « Oui, c’est nous qui avons commis ce massacre, » répondit Mirville, en riant. « Cependant, mon ami M. Andréa tuait deux jaguars contre moi un. »

— « Ainsi, vous venez de l’Amérique du Sud ? » demanda Castello… « Je vous aurais pris plutôt pour un français, M. Mirville. »

— « Nous avons beaucoup voyagé M. Andréa et moi, » dit Mirville, « aussi bien dans l’Amérique du Sud que dans l’Asie et l’Australie… Vous demeurez à Smith’s Grove ? » demanda-t-il à Castello, tout à coup.

— « Nous ne demeurons pas à Smith’s Grove, mais à Bowling Green, » se hâta de répondre Castello.

— « À Bowling Green !… Alors, nous sommes voisins ? »

« Oui. Seulement, tout comme vous, nous voyageons beaucoup… Mais je me propose de venir m’installer définitivement chez moi à Bowling Green, je veux dire — bientôt. »

— « J’espère, alors que nous nous rencontrerons souvent ! » Pendant cette conversation, Éliane, tout en feuilletant les revues et les livres éparpillés sur les tables et pupitres de la bibliothèque, se disait :

« Je vais me mettre sous la protection de ces deux hommes, messieurs Mirville et Andréa… Ils ont l’air si bons !… Ils m’arracheront sûrement de cette vie que je mène… Ah !