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— « De grâce ! » dit une voix qui semblait venir de l’extrémité du petit couloir, « de grâce, sauvez-moi ! »

— « Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ? » s’écria Éliane. « Je suis seule, enfermée ici… Où êtes-vous ? »

— « Je ne sais, » répondit la voix, une voix d’homme. « Je suis captif dans cette caverne depuis… oh ! depuis bien des années… »

Alors, Éliane comprit que si cette voix lui parvenait si clairement, c’était par un effet d’acoustique… Hélas ! cela ne voulait pas dire que le captif était près d’elle !

— « Je suis prisonnière tout comme vous, » répondit Éliane.

— « Mais… vous chantiez, tout à l’heure ! » dit la voix.

— « Ah ! » s’écria Éliane, « je chante parce que j’ai peur. Je suis enfermée dans une des chambres de cette caverne, pour le moment, et je travaille à mettre des livres en ordre… Si je le pouvais, Dieu sait que je vous aiderais à quitter cet enfer où je suis retenue captive depuis plus de dix mois. »

— « Qu’allons-nous devenir ? » dit la voix.

— « Hélas, je ne sais ! » répondit Éliane. « Mais quelqu’un travaille à me délivrer ; si jamais je suis libre, je vous promets que je travaillerai à votre délivrance, je vous le promets ! »

— « Merci ! Merci ! » s’écria la voix.

— « Ce sont des moonshiners qui habitent cette caverne, » continua la jeune fille ; « la loi du pays… »

— « Quel est votre nom ? » demanda le captif.

— « Je me nomme Éliane Lecour… Et vous ? »

— Moi, mon nom c’est…

— « Chut ! » interrompit Éliane. « On vient ! »

En effet, Éliane entendit un glissement doux ; le pan de mur séparant la bibliothèque du couloir glissait sur ses rainures : c’était Lucia qui lui rendait sa liberté, sans doute !