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Le Batteur de Bans

— Dieu sait que je me sens incapable de travailler aujourd’hui ! dit le batteur de bans. J’irai, cependant. Mon pauvre Zéphir !

Vers les deux heures de l’après-midi, le père Firmin alla atteler son cheval. Il neigeait à gros flocons et le vent soufflait de plus en plus fort. Zéphir regardait son maître d’un œil plein de protestations et de reproches ; sans doute, il se demandait à quoi il pouvait bien penser de le faire sortir par un temps pareil.

Tant qu’on fut dans la ville, tout alla assez bien. Il poudrait légèrement et de petits bancs de neige s’accumulaient en certains endroits exposés aux quatre vents. Comme il avait froid le vieux batteur de bans ! Il avait tellement froid qu’il ressentait une sorte d’engourdissement dans tous les membres. Que serait-ce sur les routes de la campagne ? Mais, il irait, tout de même ; il avait été payé pour battre ce ban dans la campagne comme dans la