— Tu veux rire, sans doute ! s’écria la première chenille. C’est terrible d’être chenille, selon moi ; la chenille doit ramper, et elle court le risque d’être écrasée sous les pieds des passants… que dis-je ? On se hâte d’écraser la chenille, tant elle est laide et dégoûtante. Tandis que le papillon…
— Le papillon, ma bonne, dit la deuxième chenille, a un sort assez triste, puisqu’il ne vit qu’un jour.
— C’est la croyance populaire que tu exprimes là, mon amie ; moi, je n’y crois guère. Demain, je serai libre des liens qui me retiennent ; je serai devenue un beau papillon blanc et j’ai le pressentiment d’une longue vie. Bonne nuit, ma chère ! chère !
Le lendemain, dès l’aurore, la première chenille quitta sa couche ouatée, elle n’était plus laide et repoussante ; elle était devenue un beau papillon blanc. La se-