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Une Étrange Poursuite

champs de blé, de sarrasin, de trèfle et de mil.

Alors, des larmes coulèrent sur les joues d’Arras Dublé, de cet homme qui avait fait de ses terres son dieu, et, cette nuit-là, accompagné de son chien Zol, il quitta sa maison, pour n’y plus revenir. Il emportait la moitié de l’argent contenu dans le petit coffret ; l’autre moitié, il la laissait à sa mère.

— Je m’achèterai d’autres terres, se disait-il.

Et c’est ce qu’il fit. Mais, il n’eut pas plutôt pris possession de ses nouveaux biens qu’il s’aperçut qu’il y poussait de la bardane. Sans doute, la raison en était que dans ses bas et ses habits il était resté des écailles des fleurs de cette broussaille, et rien ne se propage vite comme ces plantes. Voilà pourquoi, quand Arras laboura ses nouvelles terres, il laissa tomber, sans s’en apercevoir, des graines de la bar-