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Une Étrange Poursuite

— Oui, je sais. Si tu n’as pas le temps de t’en occuper, nous nous y mettrons tous les trois, demain.

Le soir, quand Arras revint chez lui, accompagné de Cyprien, il faisait très noir, car le temps était à l’orage. Or, il crut voir une expression singulière sur le visage de Pierre, comme une sorte d’effroi ; mais, ce dernier ne disant rien, Arras n’y pensa bientôt plus.

Le lendemain matin, il faisait une terrible tempête ; Arras ne fit pas l’inspection de ses terres. Ce n’est qu’à huit heures de l’avant-midi que l’on put sortir.

À peine Arras eut-il mis le pied dehors et jeté les yeux sur son champ d’avoine, qu’un cri s’échappa de sa poitrine :

— Ciel ! La bardane a envahi plus de la moitié de mon champ d’avoine !

— Oui, M. Dublé, dit Pierre, je le sais. La bardane court sur votre champ ; elle finira par en étouffer toute l’avoine.