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mousqueterie du champagne et exposés à la brise du soir, il se reformeront pour prendre le café et les liqueurs avant d’abandonner le champ de bataille. — Plusieurs parlaient d’y coucher.

Ce diner coûta plus de quatre cents francs à Lacenaire.

Le lendemain étant un dimanche, il proposa à ses héroïques compagnons de passer la nuit chez Tonnellier, une des célébrités culinaires et bachiques de la barrière du Maine, à boire du punch et à manger une soupe à l’oignon réconfortante.

La proposition fut acceptée au bruit d’unanimes acclamations.

On convint alors de prendre un repos d’une heure avant de commencer cette nouvelle campagne, et profitant de cette suspension d’hostilités envers les fioles, Lacenaire prit un cabriolet et courut à la banlieue commander du punch, du champagne frappé et une soupe à l’oignon pour quinze.

Les plus vaillants parmi les soldats de la grande affaire allumèrent des cigares, — tous les jeunes gens ne fumaient pas alors, — et se livrèrent à un écarté modéré, — les clercs n’étaient pas aussi vicieux qu’à présent. — Les autres, par un sommeil réparateur, se préparaient à de nouveaux triomphes !

En sortant de chez lui, Lacenaire s’était muni d’un billet de Banque de cinq cents francs et de dix louis. Il n’avait pas assez dépensé, et il pensait que tout devait passer au festin prémédité. Il se trouva que la carte payée, avec un pour-boire princier donné au garçon, il