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a fait depuis le bivouac de Colline, de Schaunard et des antres personnages de la Vie de Bohême.

Ce fut Lacenaire qui, en sa qualité de nouveau venu, paya les frais dus en notaire pour l’acte de partage. C’est ainsi que les flibustiers désignaient le compte des consommations qu’il firent en liquidant leur opération. Inutile de dire que le notaire n’était autre que le limonadier.

Le poète de Poissy se trouvait donc, comme ses deux autres collègues, possesseur de six cents francs. Il y avait longtemps qu’il n’avait eu autant d’argent en sa possession. Aussi prit-il un petit logement près du Louvre, dans la rue Pierre Lescot, rue disparue depuis, mais hantée à cette époque par une population suspecte à tous, et par cela même très connue de la police. Il meubla deux pièces et se mit à faire le rentier.

On conçoit bien qu’il ne pouvait parvenir à jouer ce rôle sans son accessoire indispensable, l’argent ; aussi chercha-t-il à s’en procurer le plus possible.

La facilité avec laquelle il avait réussi son premier vol avec fausses clefs lui donna du goût pour ce genre d’industrie. Il le pratiqua pendant six mois, et durant ce laps de temps, il mena joyeuse vie et s’habilla comme un dandy du boulevard.

Il avait si bien combiné son plan, que personne, hors ses associés, ne savait qui il était, ni comment il existait.

Un des vols les plus forts parmi ceux qu’il commit à cette époque fut fait au préjudice d’un joaillier. Il lui rapporta six mille sept cents francs. Mais ce qui vient au