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de prison auxquels il s’attendait en punition de cette filouterie, on le frappa d’un an de détention. C’était donc à Poissy qu’il devait faire son temps.

Cette aggravation de peine l’exaspéra, et, quoique son existence n’eût été avant, comme après la mort de M. de Constant, qu’une longue station dans les cafés et les maisons de jeu, quoique sa vie fût entachée déjà d’escroquerie, de faux et d’assassinat, ce jugement affermit en son âme les résolutions les plus sinistres.

C’est donc avec des sentiments excessivement haineux que Lacenaire se mit en devoir d’étudier la nouvelle société qu’il s’était presque choisie, et il y était d’autant plus à l’aise pour y faire ses observations que malgré ses dehors polis et distingués et quelques dégoûts passagers, il s’y était assez facilement acclimaté.

Avant d’entrer à la maison centrale de Poissy, il lui fallut passer trois ou quatre semaines à Bicêtre, et il a assuré pourtant depuis, que lorsqu’il se trouva au milieu de tous ces forçats destinés pour Brest, Rochefort ou Toulon, la vue de ces hideuses illustrations du vol et du meurtre lui fit regretter son dessein de vivre des produits du crime, et surtout la manière dont il avait commencé à mettre son projet à exécution.

Que trouvait-il, en effet, parmi tous ces misérables ?… une résignation apathique à leur sort et aux châtiments de la justice, un abrutissement complet dans ceux que la vindicte publique vouait à des peines pires que la mort ; des rêves chez les condamnés passibles de plusieurs années de prison, ou des projets insensés dont la réalisation était ajournée à leur sortie.