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Barre-du-Bec,devant la maison même de sa tante.

Arrivé devant la porte cochère, il retira de sa poche une lettre préparée à l’avance, et chargea le cocher de la porter à un locataire du premier étage, de la part de M.de Linval, un nom de fantaisie.

Le cocher obéit, mais il n’était pas encore au second, que Lacenaire, resté dans la voiture, disparaissait avec elle et allait la vendre à un commissaire-priseur moyennant deux cents francs, payables le lendemain.

Le vendeur à ce qu’il prétendit alors, laissa à l’acheteur une facture en bonne forme de l’objet livré, tant il avait, ajouta-t-il, « l’intention bien arrêtée de se faire prendre. »

En ce temps-là il fréquentait le café de la Bourse, où toute l’affaire avait été traitée, et, quoique le Constitutionnel du temps eût raconté le vol dans ses faits-Paris, l’auteur du délit n’avait pas interrompu pour cela les habitudes qu’il avait dans cet établissement.

Quant au commissaire-priseur, il avait à se reprocher un manque de délicatesse dans cette affaire, et presque une complicité tacite, car la permission de la Préfecture de police, délivrée au nom du loueur, était restée dans le coffre du véhicule. Ce détenteur, qui avait visité la voiture, et l’avait gardée pendant vingt-quatre heures avant paiement, avait dû évidemment prendre connaissance de son véritable propriétaire. Pourtant, il ne se résolut à l’aller trouver que sur l’observation d’un de ses amis, frappé de la ressemblance existant entre la voiture volée, signalée par le journal, et celle qui venait d’être vendue.