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avait déposé un jus sanguinolent, il en avala toute la sauce d’un trait.

Pour détourner Avril de ces idées sombres, Lacenaire lui chanta une chanson faite par lui pour la circonstance, et dont les voûtes de la Conciergerie ne durent qu’à regret répéter le refrain ; — nous la transcrirons plus bas avec quelques-uns de ses autres vers — mais Avril devenant de plus en plus soucieux, on sépara les deux condamnés, de peur que leurs mutuelles récriminations ne sortit un nouveau meurtre.

Voici une partie des vers composés par Lacenaire durant l’intervalle que mit la Cour de cassassion à se prononcer sur son pouvoi :

À M. B…, MON DÉFENSEUR


C’est à vous qu’ici je dédie
Ces vers, enfants de mon loisir.
Déjà ma bouteille est finie,
Et ma raison va revenir.
Ne craignez pas que la sagesse
Change votre image à mes yeux ;
Je n’ai pas besoin de l’ivresse
Pour vous voir bon et vertueux.