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par quelles circonstances. Le caissier de M. Pillet-Will a fait erreur de nom. La seconde fois, le portier a accompagné le garçon de recette ; sa présence nous gênait ; il eût été une sorte de témoin.

Lacenaire prononça ce discours d’un ton soutenu et familier à la fois : il rapporta les divers détails résultant de ces longs débats, discuta et suivit pied à pied les nombreuses charges de l’accusation. Il examina avec une grande précision la question de médecine légale, et s’appliqua à convaincre les jurés de la vérité de ses révélations ; il disculpa Bâton, contre lequel des soupçons pouvaient s’élever ; convint d’avoir reçu de M. Allard quelques secours, et déclara que si la vengeance avait dirigé sa conduite lorsqu’il avait appris que ses complices étaient devenus ses dénonciateurs, sa révélation, pour être intéressée, n’en était pas moins digne de confiance.

— Je ne viens pas demander grâce, dit-il en terminant, je ne tiens pas à la vie ; je ne dirai pas que je sois stoïque.

Si la société m’offrait les jouissances de la vie, la fortune, j’accepterais. Je ne tiens pas à l’existence, messieurs, je vis dans le passé : depuis huit mois, la mort est assise à mon chevet. Je ne demande pas grâce ; je ne l’attends pas ; je ne la veux pas… elle serait inutile.

Puis, il s’assit au milieu du murmure de l’auditoire sur lequel son discours, qui avait duré plus d’une heure, avait produit une forte impression.

Avril demanda à la Cour la permission de lire un résumé des faits, dans lesquels ils se trouvait impliqué.