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voya aux journaux plusieurs articles de polémique que leur insignifiance ne sauva pas du panier.

Il songea alors à employer, pour vivre, la ressource désespérée des jeunes gens brouillés avec leur famille et amoureux de l’oisiveté. Il s’engagea.

Il n’y aurait eu rien à dire à cela, s’il s’était borné à utiliser ses aptitudes dans l’état militaire, mais il n’avait aucune intention semblable, et la preuve, c’est qu’il commença à se faire incorporer sous un faux nom. Ce fut là son point de départ dans sa route fatale.

Après s’être fait au régiment plusieurs affaires plus désagréables les unes que les autres, par son caractère indisciplinable, il s’en attira une dernière d’une si fâcheuse nature que, pour éviter le conseil de guerre, il eut recours à la désertion et retourna à Lyon. Là il mit son absence sur le compte d’un voyage imaginaire en Angleterre et en Écosse, et sut si bien broder son histoire, que personne ne douta de sa véracité. Il lui fallait cependant utiliser son temps dans cette ville industrieuse, et pour le moment, il se fit commis voyageur pour les liqueurs. Les affaires étaient mauvaises et difficiles, l’impatience le saisit, il se dégoûta de la partie et retourna à Paris, muni d’une centaine de francs. Le jeu l’aida à doubler la somme, et ses illusions sur la fortune de son père l’empêchant de modérer ses dépenses, il fit réellement alors, comme certains menteurs, ce voyage en Écosse qu’il avait raconté par anticipation à ses compatriotes. C’était sans doute pour voir si ses inventions se rapprochaient de la réalité.

Lorsque son opinion se fut formée sur ce point, il re-