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représailles, lorsque dans sa prison un homme apparaît, qui vient ébranler ses résolutions et faire jaillir de son cœur encore quelques étincelles de vertu. Cet homme, c’était M. Vigoureux, qu’une affaire politique amenait à la Force.

Quelles qu’aient été ses relations avec Lacenaire, le fait est que, frappé de son esprit original, caustique, mordant, il s’intéressa à lui, qu’il l’engagea à revenir au bien et à chercher dans son talent des moyens d’existence qui ne sauraient lui manquer.

Ses exhortations ne restèrent pas sans succès.

Lacenaire fut transféré à Poissy ; une correspondance s’engagea, et quelques lettres, jointes au dossier, prouvent quel changement s’était opéré dans son cœur.

« Soyez persuadé, monsieur, lui écrivait-il, que je m’efforcerai de mériter la bienveillance que vous me témoignez et qui adoucit beaucoup ma position ; elle me relève à mes propres yeux, et me prouve que si je ne puis plus aspirer à reprendre dans la société le rang que mes talents auraient peut-être pu m’y faire occuper, je puis encore du moins espérer de reconquérir l’estime des personnes éclairées et dénuées de préjugés, qui, comme vous, pardonnent au repentir, et ne punissent pas un homme toute sa vie pour la faute d’un moment. J’aurais peut-être des motifs d’excuse à alléguer, vis-àvis de tout autre, dans les circonstances critiques où je me suis trouvé et les épreuves que j’ai subies et auxquelles je n’ai pas eu la force de résister ; mais combien je m’en repens en me voyant sans cesse entouré de l’écume de la société, car s’il y a ici quelques personnes