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parmi ceux qui devaient déposer, n’avait pas été par conséquent entendu à l’instruction.

Mais c’était là un coup qu’avait monté Lacenaire contre son dénonciateur. Il savait où se trouvait Bâton, ce même Bâton que la justice avait longtemps cru être le troisième assassin de Chardon, l’assassin au couteau, soupçonné d’être en tiers dans la tentative de la rue Montorgueil, présomptions qui avaient complètement disparu, du reste, devant un alibi péremptoirement établi par le comparse au commencement de l’instruction.

Aussi, dès que Lacenaire eut entendu un des jurés manifester le désir d’entendre Bâton, et le président répondre qu’on n’avait pu s’emparer de cet homme, à peu près vagabond, il s’empressa de mettre la justice sur les traces de ce témoin qui, semblable au Deus ex machina du drame antique, devait venir dénouer toute l’action.

— Il n’est pas difficile de trouver Bâton, dit Lacenaire, car il est en ce moment en état d’arrestation. Il y a quinze jours, Bâton était à la Préfecture de police. L’inculpation qui pesait sur lui n’a pas pu permettre de le mettre en liberté.

Effectivement, M. le Président ordonna qu’on fît les recherches nécessaires, et, deux heures après, une des portes du prétoire de la Cour s’ouvrit. Au milieu des gendarmes précédés d’un huissier, on vit, non sans étonnement, le fameux Bâton, dont le nom avait si souvent retenti depuis deux jours. Ce témoin, qu’il semblait si difficile de trouver, était là, sous la main de la jus-