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marchande au marché Saint-Jacques-la-Boucherie, qu’il avait tenté d’assassiner au mois de septembre. Je lui demandai pourquoi il voulait tuer cette fille, il me répondit : — « Javotte connaissait mon projet d’assassiner un garçon de recette ; pour ne pas laisser derrière moi un témoin indiscret, je l’attirai dans une chambre et je la frappai avec un tire-point ; mais je la manquai, elle en est revenue. » — Le tire-point était, en effet, l’arme dont Lacenaire se servait habituellement ; c’est ainsi qu’il a assassiné Chardon et qu’il a voulu assassiner Genevay. Il m’adonné sur l’affaire Javotte, des détails qui ne m’ont laissé aucun doute. Cependant il ajouta : — « J’ai revu Javotte depuis le 18 janvier, et j’ai bu avec elle. — Comment ! lui dis-je, cette femme a eu le courage de boire avec son assassin ? — Sans doute, a-t-il répondu, Javotte avait ses raisons pour cela ; je lui ai vendu des objets provenant de vol ; de peur d’être compromise elle-même, elle m’a laissé tranquille. » Tout cela, messieurs, est consigné dans mes rapports. »

Pendant cette importante partie de la déposition de M. Allard, Lacenaire n’a pas seulement levé les yeux de dessus le journal qu’il tient à la main.

« Lacenaire m’inspirait de la confiance, continua M. Allard. J’avais été à même de vérifier l’exactitude de la plupart de ses révélations, relatives, par exemple, à des vols de pendules sur le boulevard, de cravates et d’habits rue du Temple. Personnellement, j’allai vérifier ces divers vols, et je trouvai que Lacenaire me disait l’exacte vérité. J’envoyai mes rapports à M. le juge d’instruction, Lacenaire me les confirma.