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je ne le voulais pas. J’avais proposé de lui mettre un masque de poix sur la figure. Je pensais que cela valait mieux que de l’assassiner.

D. Alors vous l’auriez étouffé : vous l’auriez tué sans répandre de sang ?

R. Non, monsieur : cela l’aurait empêché de respirer pendant quelques minutes. Nous ne lui aurions mis le masque que seulement le temps de prendre son argent et de nous en aller.

D. N’est-ce pas vous qui avez vendu l’argenterie de la veuve Chardon, moyennant deux cents francs ?

R. Non, monsieur ; je n’ai jamais vendu rien provenant d’assassinat commis par Lacenaire.

D. N’êtes-vous pas allé rejoindre Lacenaire dans un estaminet ?

R. Non, monsieur.

Lacenaire. — Il m’a rejoint à l’Épi-Scié.

Avril. — Nous ne sommes allés chez aucun épicier.

Lacenaire. — Il ne s’agit pas non plus d’épicier, mais d’un estaminet dont l’enseigne est composée d’une espèce de rébus, on y a mis pour enseigne un épi scié. Cet estaminet se trouve sur le boulevard du Temple, avant d’arriver chez Franconi.

Avril. — Tout cela ce sont des inventions pour me faire condamner.

M. le Président. — Lacenaire convient que c’est lui-même qui a porté les premiers coups à Chardon fils ; il avoue avoir assassiné seul la veuve Chardon, et dit que vous n’êtes arrivé qu’après le crime consommé ; ainsi il ne montre pas contre vous tant d’animosité.