Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tante ; elle confirme la déclaration de Lacenaire. M. le commissaire de police avait, à la vue du tire-point ensanglanté par le manche, présumé cette circonstance.

D. Qu’avez-vous pris dans l’armoire ? Rendez compte des circonstances du vol qui suivit ce double assassinat.

R. Nous prîmes cinq cents francs en argent, de l’argenterie, un manteau, un gilet de couleur rose dans lequel nous enveloppâmes l’argenterie et quelques hardes. Je pris aussi une petite Vierge en ivoire qui était sous la pendule de la veuve Chardon. Je croyais que cette Vierge était d’un grand prix, et j’envoyai Avril la vendre chez un marchand du quai Malaquais ; mais comme le marchand n’en offrait que trois francs, nous la jetâmes à la rivière afin de ne pas laisser pour si peu une pièce à conviction si compromettante. C’est moi qui ai emporté l’argent et le manteau de Chardon sur mes épaules.

D. Que fîtes-vous après le crime ?

R. Après l’assassinat, nous allâmes nous baigner. Après être sorti des bains Turcs, où nous fîmes disparaître les taches de sang de nos mains et de nos habits, Avril alla vendre l’argenterie et le manteau, pendant que je l’attendais à l’estaminet de l’Épi-scié, sur le boulevard du Temple. Il retira deux cents francs des couverts et vingt francs du manteau. Ensuite, nous avons été dîner ensemble, et nous passâmes le reste de la soirée au spectacle.

D. À quel théâtre avez-vous été ?

R. Aux Variétés. (Mouvement de surprise).

D. À quelle heure vous-êtes-vous quittés ?